Notre position vis à vis du patrimoine

 

Le 21 janvier 2021, Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, devant la commission Culture de l’Assemblée Nationale, prenait très fermement position en faveur du classement de la Butte Rouge, la Cité-jardin de Châtenay-Malabry, en Site Patrimonial Remarquable.

Cette prise de position confirmait officiellement les écrits du préfet d’Ile de France, Monsieur Michel Cadot, dans un courrier du 14 novembre 2019. Il rappelait l’avis de la CRPA argumentant en défaveur du projet présenté par le Maire, Monsieur Georges Siffredi,

selon ces termes :

« Il nous apparaît nécessaire que la démolition d’un nombre trop important d’immeubles constitutifs de cet ensemble patrimonial soit revue à la baisse et qu’un projet d’ensemble élaboré en associant notamment le conseil régional de l’ordre des architectes d’Ile de France permette de garantir les prescriptions et les modalités préservant l’intervention sur le patrimoine bâti et l’insertion environnementale du projet. »…. « Au regard des qualités de ce quartier exemplaire et emblématique, nous vous recommandons d’engager… une étude préalable au classement de la cité-jardin au titre des sites patrimoniaux remarquables en y intégrant ses secteurs remarquables édifiés au cours des 7 phases de construction ».

Il en a résulté, lors du conseil municipal du 25 mars dernier, le vote par la majorité municipale de 2 délibérations :

  • la première portant sur de l’engagement de l’élaboration d’un Site Patrimonial Remarquable (SPR) au sein de la Cité-jardin,
  • la deuxième sur la signature d’un protocole opérationnel pour la rénovation de la cité-jardin.

C’est cette deuxième décision qui doit être examinée.

En effet, c’est elle qui détaille les étapes de mise en élaboration du SPR et elle ne répond en rien aux demandes de l’Etat, formulées par la Préfecture et la Ministre.

  • D’une part, il s’agit de classer la Butte Rouge, cité-jardin construite en 7 phases des années 30 à 60, livre ouvert de l’architecture du XXème siècle, de 65 hectares et 3800 logements sociaux, comme le rappelle le courrier de la Préfecture.
    Mais, selon le protocole opérationnel, une phase est exclue d’emblée du périmètre du classement de 5 hectares avec 500 logements.

    De plus, il est noté que « le périmètre de classement sera défini AU SEIN de la zone UCJ1 de la cité-jardin », les 6 phases restantes de 60 hectares, 216 bâtiments et 3300 logements sociaux. Ce qui implique la volonté de ne pas tout protéger.

    Pourtant quand le Ministère de la Culture a inscrit la cité-jardin de la Butte Rouge à l’inventaire général du patrimoine culturel, il s’est agit des 7 quartiers de la Butte Rouge, construits de 1931 à 1965 sur 65 hectares. Ensuite quand, en 2008, a été décerné le label Patrimoine Culturel du XXème siècle, ce fût bien à l’ensemble du site comme le témoignage cohérent et indivisible de l’urbanisme social novateur de ce siècle.

    Nous alertons sur le risque d’un classement partiel et restreint de la cité-jardin.

  • D’autre part, nonobstant le lancement de la procédure SPR, la ville poursuit les opérations des « îlots tests » lancées en 2016 avec l’ANRU et approuvées par le préfet des Hauts de Seine. Selon la délibération du conseil municipal, « le lancement des îlots test permettra de projeter le type de rénovation nécessaire avec un argumentaire technique, économique et environnemental… Les îlots test seront engagés sans attendre l’approbation du SPR.».
    Il est à noter, d’après les annexes de la délibération, que les trois îlots test concernent 21 bâtiments, dont 15 sont complètement démolis soit plus de 70%, soit une démolition « trop importante », déjà pointée par la CRPA et la Préfecture.

    Ce, alors que les moyens techniques actuels permettent d’identifier les difficultés rencontrées lors d’une rénovation sans avoir besoin de démolir.

    De plus, le calendrier joint à la délibération indique pour début 2022, le dépôt des permis de démolir/construire soit AVANT la définition du SPR (périmètre, critères, indicateurs).

    Nous alertons sur le risque d’une démolition importante de bâtiments alors que le classement SPR ne sera pas encore défini.

  • Enfin, nous avons noté dans la délibération du conseil municipal que ce sera « la ville (qui) sera porteuse du projet de classement. »
    De plus, la modification du plan local d’urbanisme initiée par la ville et votée au conseil territorial en mars dernier, permet la démolition-reconstruction et la densification d’une très grande partie
    de la Cité-jardin.

Alertée de cette menace, Madame la Ministre a alors soutenu la mise en place du SPR.
Toutefois,
la modification du PLU est citée dans l’élaboration du SPR :
« depuis mai 2018, des travaux ont été menés avec les différents services de l’État, la DRAC, la DRIEA et la DRIHL, pour aboutir à la modification n° 4 du Plan Local d’Urbanisme qui crée un secteur identifié « UCJ1-Cité Jardin » avec des règles de protection spécifique »
En laissant la ville maître d’ouvrage dans la mise en place du SPR, il y a le fort risque qu’elle introduise cette modification du PLU dans le règlement du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur.

Il est à signaler que la recommandation de la Préfecture d’élaborer un projet d’ensemble associant le conseil régional des architectes d’Ile de France est totalement ignorée.

En conclusion, nous demandons à l’Etat :

  • le retrait de la décision « signature d’un protocole opérationnel pour la rénovation de la cité-jardin» votée au conseil municipal de Châtenay-Malabry du 25 mars 2021

  • la mise en place par l’Etat d’une nouvelle décision, conformément aux demandes de la Préfecture et de la Ministre,

en veillant à ce que l’intégralité de la cité-jardin fasse l’objet du SPR, qu’il n’y ait pas de délégation à la commune pour conduire cette procédure afin que l’État soit le maître d’ouvrage pour la mise en place d’un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) de l’ensemble de la Butte Rouge, comme ensemble urbain à valeur historique exceptionnelle.